B. Razanisme et structures sociales.

En tant que religion, le razanisme jouait un rôle important dans l'équilibre social de la société monarchique des Hautes - Terres jusqu'à la première moitié du 19ème siècle.

Rappelons que la monarchie Merina contrôlait les royaumes Betsileo depuis la fin du 18ème siècle.

Sous la royauté Merina, la hiérarchisation de la société globale étendue aux morts, le système des castes régissant la société des vivants, sont des structures sociales qui ont été cimentées par le razanisme, alors religion dominante.

Malgré les différentes tentatives d'évangélisation entreprise par les missionnaires européens, dans la période qui nous préoccupe, le razanisme était en quelque sorte une religion d'état pour le royaume Merina.

Avant la conversion de la Reine Ranavalona II au christianisme (1868), en Imerina le roi était censé détenir son pouvoir des ancêtres royaux.

A ce propos, M. Alain Delivré dans sa thèse traitant de l'interprétation de l'Histoire des Rois d'Imerina, écrit la phrase - clé suivante : " …le souverain était toujours considéré comme le remplacement des ancêtres royaux ; tout acte de souveraineté était appuyé sur un rappel des ancêtres, parfois même fondé sur l'une ou l'autre de leurs déclarations ".

Le Fandroana ou Bain royal qui était alors la fête nationale, avait parmi ses multiples significations, le sens de la communication avec les ancêtres, et ce par l'intermédiaire du souverain qui se baignait suivant tout un cérémonial et en exécutant les invocations traditionnelles. En l'occurrence, au cours de son bain le souverain prononçait entre autres la formule suivante : " Dia ho masina anie aho " (Que je sois sanctifié).

La personne du roi considérée comme proche du monde sacré des ancêtres royaux était elle-même sacralisée. Cette sacralisation est mise en relief dans les coutumes relatives à la mort du roi.

Beaucoup d'ouvrages comportent des descriptions de funérailles grandioses rois dans l'ancien temps. En effet, lorsqu'on "cachait " le roi Merina, on leur faisait "porter " un nombre exorbitant de linceuls ; par ailleurs la tradition veut que le cercueil du "saint " soit fabriqué avec des piastres d'argent fondus.

Rappelons aussi que selon la tradition, confirmée par certains écrits, à la mort du roi et de certains membres de la haute noblesse, on sacrifiait des esclaves sur lesquels devaient reposer dans la tombe les corps de leurs maîtres, (lafika). Cette coutume du lafika retrouvée aussi bien en Imerina que chez les Betsileo, révèle la croyance en la continuation de la structure sociale terrestre dans le monde des ancêtres.

Pour terminer cette approche de l'incidence du razanisme sur les structures sociales, citons que la famille comme base élémentaire du système social avait aussi ses cultes particuliers, dirigés par le chef de famille.

SUIVANT

II- PROFONDEUR HISTORIQUE DU FAMADIHANA
CONCLUSION
SOMMAIRE