ARTICLE DU 25/11/01 |
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Océan Indien
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La place Colbert en 1922
“Le centre de la vie publique européenne se situait à l’époque de la place Colbert (NDLR, aujourd’hui place de l’Indépendance). Celle-ci était à la fois un jardin public et un boulevard bordant ce dernier. Au centre du jardin se trouvait un monument représentant, sur un socle de pierres de taille, une statue de la République française tenant une couronne de lauriers de son bras droit tendu et un drapeau de l’autre. “Un soldat de la conquête de 1895 était assis sur le rebord du socle, au-dessous, casque champignon sur la tête et fusil à la main, sa main gauche fièrement posée sur sa cuisse. En face du monument s’ouvrait l’avenue de France au bout de laquelle la résidence du gouverneur général (NDLR, siège aujourd’hui de la communauté urbaine de Tananarive) apparaissait derrière ses grilles comme un petit château de style renaissance, semblable à celui de Fontainebleau. “Les trois principaux hôtels étaient situés dans ce quartier : dans un rayon de cent mètres de la place, le Grand hôtel Fumaroli, le plus important et le plus coûteux, l’hôtel du Commerce, dit “chez Gay”, l’hôtel de France.” La maison d 'un petit fonctionnaire en 1924 “Plantée à mi-hauteur entre le sommet de la colline de Faravohitra et la rue Gallieni, on y accédait par un sentier-escalier soit en descendant de la rue George-V à la hauteur du temple protestant, soit en montant de la rue Gallieni (…) Elle avait un style très courant à l’époque et inauguré vers la fin du XIXe siècle. Sur un plan rectangulaire, elle contenait quatre pièces : deux au rez-de-chaussée, deux à l’étage (…) “Le rez-de-chaussée était occupé par la salle à manger et le salon séparés par le couloir menant à l’escalier de l’étage. Là-haut, les pièces étaient exactement symétriques de celles du rez-de-chaussée et servait de chambres à coucher (…) “La façade, orientée au couchant, était ornée d’une véranda à quatre piliers de briques roses comme étaient faits les murs. Le tout était coiffé d’un toit très pentu couvert de tuiles-écailles (…) Deux terrasses s’étendaient devant la façade, séparées par un parapet de briques ajourées. La plus élevée n’était qu’une cour au fond de laquelle on apercevait une maisonnette, partie cuisine, partie débarras. La seconde était un potager de quelques mètres de large.” Le Zoma en 1926 “Le vendredi, Claire se rendait au marché d’Analakely, le plus important de la ville, qu’on appelait le Zoma. Le vendredi était le jour du grand marché, celui où les produits exposés sont particulièrement abondants et variés (…) “Enserré au cœur de la fourche formée par les deux principales collines sur lesquelles étaient construite la ville, le Zoma s’étendait en forme de trapèze sur environ deux hectares dont un tiers occupé par de petits pavillons juxtaposés en enfilade et formant comme un petit souk. C’était le marché permanent, celui des boutiquiers, tissus, mercerie, boucherie, quincaillerie, horlogerie, réparation de parapluie, etc. “Ses allées ombragées par des bâches étaient toujours encombrées par une foule presque exclusivement féminine déambulant lentement devant les éventaires où marchandant le prix d’une pièce de tissu ou d’une lampe à pétrole, les Malgaches la tête nue aux cheveux finement tressés mais abritées par une ombrelle et drapées dans leur lamba blanc, les Européennes court vêtues et coiffées du casque. “Sur le terre-plein, par contre, les marchands étalaient leurs produits à même le sol sous un grand parasol blanc. Là, le grouillement humain était encore plus intense mais peu bruyant. Ce silence relatif étonnait toujours les Européens fraîchement arrivés, habitués aux appels racoleurs des marchés de leur pays. Les chalands tâtaient un poulet, soupesaient un chou, marchandaient dans tous les cas puisque c’était l’usage et qu’autrement, ils auraient payé le double du prix normal. Enterrement d 'un bébé malgache en 1940 “Le terre-plein, comme les pavillons, était partagé en quartiers spécialisés : d’un côté les marchands de légumes et de fruits, face aux pavillons des marchands de volailles et d’œufs ; à l’extrémité la plus étroite, les meubles, les bêches et autres instruments de fabrication artisanale, le raphia en bottes, les rabanes en rouleaux, les linceuls de soie grège pliés. Les meubles sentaient bon la cire fraîche. Plus loin, c’était l’odeur du raphia qui régnait, puis celle des tissus, des broderies, enfin les odeurs de fruits et légumes. On aurait pu s’y retrouver les yeux fermés.” “La fille d’Eulalie, un bébé de quelques mois, est morte en avril. Sans doute la paludisme (…) Ce qui a frappé Édouard, c’est qu’on n’a pas fait venir un médecin, on s’est contenté de donner à la petite une potion, on l’a surchargée de couvertures parce qu’elle grelottait. Il est triste de ce malheur (…) mais il ne peut supporter les cris stridents des femmes (…) “L’enterrement se fait à Ambohimalaza, au caveau de famille de Joachim à 20 km. On a loué des taxis-brousse pour l’occasion. Le petit cercueil, une simple caisse de bois blanc, est fixé sur le toit du taxi par des cordes. Le cortège escalade lentement la petite route ravinée qui monte au sommet de la colline, là où se trouve le tombeau des nobles originaires d’Ambohimalaza. “Le caveau ressemble à tous les autres : une bâtisse cubique en pierres de taille de granite avec, côté ouest, une porte de pierre encadrée par deux colonnettes rondes à chapiteau sculpté. La construction doit dater du siècle précédent. “On n’ouvre pas le caveau. Un homme du village, un ancien serf de la famille, ou plutôt un descendant des anciens serfs toujours liés traditionnellement à la famille, a creusé à la bêche une petite fosse sur le côté nord : c’est là qu’on va déposer le corps parce que les petits enfants n’ont pas droit au caveau, a soufflé Joachim à Édouard (…) “On sort le corps de sa boîte. Eulalie a cueilli une feuille sur un arbuste près du caveau, un séva. Elle ouvre son corsage, saisit l’un de ses seins et le presse pour en tirer quelques gouttes qui tombent sur la feuille veloutée. Elle verse alors ce lait entre les lèvres du petit cadavre que lui présente son mari. Celui-ci repose alors le corps dans la caisse qu’il dépose avec l’aide d’un parent dans la fosse. C’est alors que les gémissements des femmes reprennent jusqu’à ce que la fosse ait été comblée.” — Les deux ouvrages publiés à compte d’auteur par Georges Lejamble ont été respectivement tirés par l’Imprimerie de Madagascar à 350 et 500 exemplaires. Ils sont aujourd’hui introuvables dans le commerce et, à notre connaissance, n’ont pas été réédités, ce qu’ils mériteraient peut-être non pas tant pour leurs qualités littéraires que pour la valeur du témoignage sur l’univers colonial dans la Grande Île.
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